Le Numérique Responsable - De la difficile évaluation carbone des logiciels

Dans un article précédent nous avons évoqué les enjeux du numérique responsable et également le poids du matériel dans l’empreinte mais il y a bien sûr d’autres éléments à prendre en compte.

Aujourd’hui, nous nous focalisons sur les logiciels d’une manière générale.

 
 

À priori il existe plein d’outils de mesure de l’impact des logiciels et plus précisément des applications Web grâce notamment à des plugins gratuits comme EcoIndex issu du portail GreenIt.fr et du Collectif conception numérique responsable qui est l’outil de référence du secteur. 

Cet outil permet de donner des indications/recommandations automatiques simples pour optimiser le site Web pour l’améliorer et cela permet aussi de comparer les sites entre eux et de choisir le plus efficient. 

Bien que cet outil soit très utile, tous les logiciels des entreprises ne sont pas en version Web et ce type d’outil, certe très utile pour analyser la performance du site Web selon le poids des images, le code utilisé ne donne pas ne prend en compte que la partie exploitation / utilisation du site.

En effet, dans le monde du logiciel, on pourrait être tenté de dire que l’impact carbone du logiciel est limité aux serveurs sur lesquels tourne le logiciel.

En caricaturant, nous pourrions aller jusqu’à dire que la startup du coin qui a développé son logiciel en mode SaaS l’a hébergé sur un seul serveur dans le bureau du dirigeant et donc l’impact carbone est limité à l’empreinte carbone du logiciel sur le serveur (la fabrication du serveur, son acheminement, l’énergie qu’il consomme…).

Même si l’exemple est caricatural, on comprend bien qu’il montre un gros décalage entre la perception et la réalité : 

  • Je perçois que le logiciel tourne sur un seul serveur

  • La réalité est que pour en arriver là il a fallu 3 ans de R&D, 3 ingénieurs, 2 développeurs, 5 commerciaux, des déplacements pour nouer des partenariats….

Bref, si on demande à la startup quelle est l’empreinte carbone de son logiciel pour le client final, sa réponse devrait intégrer a minima tous ces éléments.

Voilà pourquoi il peut y avoir de gros écarts dans les évaluations.

Au lieu de cette estimation décrite ci-avant, nous pourrions utiliser un autre indicateur dit “indicateur monétaire”.

En tant que client, je paie le logiciel en mode SaaS x euros par an sur un chiffre d’affaires total du fournisseur de y euros. Je décide donc de prendre un équivalent CO2 monétaire, x / y = z où z est le coefficient que j’utilise par rapport au bilan carbone du fournisseur.

Cette manière de faire n’est pas exacte, bien évidemment, mais elle va permettre d’intégrer les autres dimensions évoquées précédemment et bien d’autres au lieu de se limiter à une vision simplifiée de la réalité.